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[Interview] Vincent Todjman: créateur multidisciplinaire

[:fr]Vincent Tordjman est un créateur multidisciplinaire. Scénographe, designer et musicien, son travail s’articule autour de l’expérimentation des espaces, qu’ils soient tangibles, visuels ou sonores. Itinéraire d’un insatiable de l’innovation et des expériences nouvelles.

 

Notre histoire commence en 2000, lorsque Vincent Tordjman s’envole pour une résidence de quelques mois à la Villa Kujoyama à Kyoto (Japon). Dans ses bagages, un projet d’intégration de son dans du mobilier. A l’époque, il évolue dans le milieu de la musique underground avec un collectif nommé BURO, créé par Lionel Fernandez et Erik Minkinnen du groupe Sister Iodine, invitant également à se produire en France des musiciens comme Rioji Ikeda, futur star de la musique électronique expérimentale et libre.

C’est le début des téléchargement .mp3, des performances basées sur ces éléments de son dématérialisés. Dans ce contexte non commercial, le créateur souhaite développer un objet dédié, lui permettant de supporter sa création musicale (le single est sorti en CD et vinyle sur le label Deco à l’époque), c’est le début du projet FlatMusic. Un concept de haut-parleurs plats intégrés dans un bureau minimal, mais surtout fonctionnel qu’il s’agisse écouter la musique chez soi ou pour des performances lors de concerts.
Exposé en France, il attire l’attention du VIA, à l’époque concentré sur le financement d’idées innovantes dans le monde du design. Malgré l’intérêt et les questionnements que suscitent la fonction de cet objet, il en reste au stade du prototype.

Il réussit pourtant à soulever la question de l’utilisation des nouvelles technologies dans la création sonore et à faire bouger les lignes entre fonction et utilisation, point d’orgue de sa démarche créative.

En 2007, un ami lui fait parvenir quelques photos du LD120, première enceinte haute fidélité dédiée à la musique dématérialisée produite industriellement. Cette idée de Laptop Dock, le séduit immédiatement, il envisage alors une collaboration avec La Boite concept sur la base des idées communes des projets FlatMusic et LDseries et contacte alors Timothée et Guillaume Cagniard pour travailler sur le design d’un objet augmenté.

Lorsqu’on lui demande de définir la notion d’“objet augmenté”, Vincent Tordjman répond qu’il imagine un objet avec “de l’esprit” en opposition aux productions de masse de la société hyper industrialisée qui ont souvent perdus leur sensibilité initiale: “ce que je trouve génial dans les objets que réalise La Boite concept, c’est que l’on peut y insuffler l’esprit de la musique. Il s’agit d’objets qui transforment l’espace et qui transforment notre relation aux objets, notre manière de penser à la musique. Des objets qui nous font réfléchir. Le positionnement des enceintes dans la pièce et la réflection du son sur les murs, les matériaux utilisés, chaque élément permet une interaction entre l’utilisateur, le son et son espace tangible et intangible.

Avec le projet Wide, c’est d’ailleurs la partie immatérielle de l’objet qui influe sur le son. Chaque espace vide est en réalité un espace utile de résonance avec des angles calculés au degré près. La partie non-visible influe sur la partie audible. C’est l’idée derrière le brevet Wide Sound de La Boîte concept, développé dans notre laboratoire interne en 2008: une bulle de son créée grâce à la réflection de celui-ci contre les murs de la pièce, générant ainsi une image stéréophonique hyper stable dans l’ensemble de l’espace. Alors qu’une enceinte classique, donnera l’impression d’entendre plus le son de l’enceinte à gauche ou à droite selon sa position dans la pièce, un système breveté Wide Sound permettra une stabilité peu importe l’endroit où l’utilisateur se situe. “Finalement le bon son c’est ça, c’est de reproduire le son initial qui à été enregistré, de donner l’impression d’être au coeur de l’espace.”

 

 

En 2013-2014, la collaboration entre Vincent Tordjman et La Boite concept continue avec la ré-interprétation du piètement des LD series. “J’ai voulu proposer une nouvelle version en terme de finition. A l’époque tous les pieds étaient plaqués bois et j’ai voulu utiliser de la matière pure, du bois massif. J’ai pensé qu’on pourrait transformer visuellement le profil et l’alléger un peu tout en faisant côtoyer matériau biologique et machine technologique. Comme dans les guitares ou les vieux synthés aux flancs en bois massif, je souhaitais réinjecter cette notion de lutherie électronique.”

Découvrir le LD120 pieds ajourés par Vincent Tordjman[:]